lundi, mars 19, 2007

Disqualifier en... qualifiant

Certaines personnes, les juristes en particulier, adorent… qualifier !!! Cette opération consiste à rattacher un fait ou un contrat à une catégorie bien déterminée pour en faire découler le régime juridique et les effets. Qualifier un contrat c’est donc dire qu’il s’agit d’une vente ou d’un prêt afin de pouvoir appliquer les règles qui lui sont propres. Toutefois, l’imagination des hommes et l’autonomie de la volonté conduisent à conclure des opérations singulières qui ne sont pas prévues par la loi. Un juriste avisé renoncerait à une qualification erronée et se contenterait de déclarer l’originalité du contrat en question et lui donnerait les effets voulus et prévus par les contractants.
Nous adorons aussi, dans la vie quotidienne, qualifier nos relations. En effet, nous veillons, suite à des présentations faites dans un milieu mondain, à rattacher illico au prénom un qualificatif : Daniel, mon cousin, Carol, ma sœur, Charles, mon ex, Gaëlle, ma meilleure amie, Stéphanie, mon ennemie… Comme s’il était nécessaire d’éclaircir le lien et de permettre aux autres d’en faire découler des conséquences. La nature de la relation doit apparemment être définie dès le départ, notifiée et affichée. A défaut d’une telle précision, la nature de celle-ci serait volontairement dissimulée ou déguisée et comme une qualification doit être donnée, celle-ci le sera par une société souvent… mauvaise. Un couple qui nierait le lien amoureux encouragerait les mauvaises langues à y voir une dérogation alors qu'un couple qui se dit amoureux aurait bien accompli son devoir. Mais à force de vouloir qualifier, ne risquons-nous pas, comme les juristes obsédés par l’opération, de disqualifier une relation par hypothèse unique en son genre ?
Utile, certes. Parfois nécessaire, oui. Souvent spontanée, j’approuve. Mais une qualification n’est pas toujours facile à donner. Et dans la complexité des faits, il est souvent plus prudent de l’éviter.
Il ressent quelque chose pour elle. Un p’tit truc qu’il saura faire développer. Parler d’amitié serait lui mentir. Parler d’amour lui semble précoce. Parler d’un coup de foudre serait exagéré. Parler d’un crush lui semble éphémère. Parler d’une relation le ferait fuir. Parler de couple l’étoufferait. Il choisit donc de vivre les choses comme elles viennent, sans leur attacher des mots superflus, sans chercher à en tirer des conséquences, sans promettre un avenir, sans parler d’un présent en commun. Il préfère la singularité du lien et la liberté du mouvement. Il ne veut pas qualifier… Pas encore. Et entre temps, il profite des meilleurs moments. Avant que vienne s’imposer un régime juridique disqualifiant et surtout… étouffant.
S'abstenir de qualifier contribuerait meme a sauver une relation. L'adultere ne serait pas possible sans mariage par exemple, et la relation non definie ferait l'objet d'un combat infini qui aurait pour consequence de sauvegarder une magie croissante et les sensations du premier jour.
Entre lui et moi tantôt de l’amitié, tantôt de l’indifférence, occasionnellement de la passion et parfois même de la haine. Entre nous une relation compliquée et anormale, bizarre et singulière, présente et absente à la fois. Entre lui et moi une relation lunatique que le meilleur des juristes renoncerait à qualifier.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

qualifier ce qui ne peu l'etre, peu etre pour clarifer l'obscurité des espris obtus de conformisme.qualifier l'inqualifiable pour se rassurer vis a vis de sois, en repossant l'ignorence comme si c'éttait toujours une tare.
J'ignore pourqois, j'ignore comment, j'ignore tout, il ne me reste que ce que je ressent... entre la passion, l'envie, le regret parfois, l'attente ou... je ne sais pas... je renonce a qualifier ce je ne sais quoi qui me pousse a revenir chaque soir. peu etre dans l'espoir de te voir, de te sentir un peu avec moi... qui sais... surrement pas moi... a demain soir... peu etre...