dimanche, mars 04, 2007

Paradoxe

C’est un beau collier. Une pièce d’art qui m’a attirée par sa contradiction. On me dit qu’il est fragile. Je le touche. Je l’examine. Il est fait à partir d’une longue chaîne dorée. Je le porte. Il a comme pendentifs un cœur et une tête de mort. Un cœur blanc, serein, sincère ; un cœur très grand. Mais juste au dessus, en plus petit et plus discret, un visage morbide et souriant, ironique et malveillant. C’est le cœur qui attire l’attention. A première vue, on dirait que c’est un bel objet naïf. Mais ensuite, en le fixant un instant, on remarque toute sa signification. Je l’achète. Je l’achète pour la contradiction.
Je me ballade dans l’aéroport exposant mon affaire. Je le laisse tomber contre ma poitrine et accompagner mes mouvements par un balancement tendre et provocant. J’observe les regards pour y déceler une réaction quelconque. Je me demande s’ils aiment, comme moi, les paradoxes. Et je ne puis m’empêcher de me demander auxquels des deux objets je ressemble. Au cœur ? A la tête de mort ? Ou aux deux à la fois ?
Je ressemble au collier en tant que tout, sans doute. Je lui ressemble car comme lui j’ai mes deux vérités. Une face douce et gentille, innocente et sereine, attentionnée et fragile. Et une autre mauvaise et agressive, méfiante et sauvage, animale et égoïste.
Plongée dans mes pensées et fière de cet objet qui me décrit, un objet que je porte tout contre mon cœur comme une carte d’identité, j’oublie le temps, je laisse couler les minutes avant de me rendre compte de mon retard. Il est déjà temps d’embarquer. Je cours. Je suis la dernière. Je m’arrête subitement ; j’ai l’impression d’avoir fait tomber quelque chose. Je m’accroupis et je trouve une pièce de mon collier par terre. J’en ai le cœur brisé. Je ramasse les restes de ma moitié. Elle s’était cassée. La tête de mort avait décidé de m’abandonner.
Je ressemblais au cœur blanc en définitive. Déçue, je m’en vais tout de même, à contre cœur. La moitié de moi continue son chemin. Paradoxe, je ne suis pas. Je suis un objet à couleur unique. Je suis un objet banal apparemment. Si tu savais combien j’aurais préféré être, comme toi, un paradoxe…

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

ciao bella... j'aime l'article.. mais je croi que tu te trompe...toi, pas un paradoxe? il n'y a qu'a te lire pour se persuader du contraire... tantot pleine d'assurance en envisageant l'avenir... tanto saisie de doute et de questions nessesaires... tour a tour tendre passionnée par un soleil qui se couche sur les plage de chez toi ou par un regard, puis engagé révolté et militante dans un texte contre une situation politique qui se dégrade... tu es un paradoxe et en meme temps un tout, plein et entier... quoi de plus paradoxale? quan a vouloir ressembler a quelqu'un... ca ne te ressemble pas... et je croi que tu le sait... a tres bientot... tu me manque...