dimanche, mars 04, 2007

Rumeur

Je tourne légèrement la tête pour la poser contre la vitre. Il conduit. Je regarde le paysage qui défile et ferme les yeux à moitié afin que l’image soit suffisamment floue. Floue, comme mes pensées. J’écoute une chanson qu’il choisit et décide de me l’approprier. J’adapte ses mots à ma vie et laisse la musique me ramener dans le passé. Juste au moment où je commençais à bien intégrer mes souvenirs, il change la chanson. Il choisit une musique qui lui ressemble, une musique qui me contredit. J’ai la gorge qui se resserre mais je patiente en espérant qu’il change d’avis. Je ne peux rien lui dire. Nous avons perdu tous les deux l’usage de la parole. Depuis quelque temps, nous l’avons remplacée par des regards agressifs et des gestes brusques. Les larmes, parfois, sont aussi expressives. Il garde la chanson que je déteste. Il hausse le volume comme pour mieux me blesser. Et moi, je pleure de mon coté. La route est encore longue. Je décide de m’y habituer. Je cherche et trouve difficilement dans cette chanson cruelle des notes qui puissent me plaire. Mais il change encore, il change et rechange la musique, pour me forcer à m’installer dans un décor qui se transforme sans cesse et qui fait de moi une infinie étrangère. Je regarde dehors dans l’espoir de pouvoir m’évader. Je souffre en silence et il sait comment me sauver. Nous continuons notre jeu dangereux surtout par égoïsme. Nos idées sont tordues et notre vengeance pathétique. Il accélère comme pour attirer mon attention. Je ne me retourne pas. Même si j’en meurs d’envie. Il accélère encore. Il sait que j’ai peur. Je regarde mon téléphone ; mon échappatoire. Je fais mine d’envoyer un texto. J’écris des mots que je ne comprends même pas. Il me le prend de force. Il essaie de lire ce que j’écris mais c’est incompréhensible. La haine nous dévore tous les deux. On se déteste tout en étant inséparables. En moi, trop d’émotions. Des émotions qu’il me faut évacuer. J’ai besoin de rentrer. Rentrer pour écrire… Mais je suis enfermée dans son jeu. Un jeu malsain qu’on alimente rien que pour confirmer une rumeur qui se propage depuis samedi dernier. Rumeur. Un mot qui me plait. Le nom d’un parfum que j’ai acheté. Une odeur qui gagne de la place comme une rumeur confirmée. Cette rumeur m’obsède. Puis on arrive. Et nos visages se transforment. Nos traits se détendent et nos sourires superbes blessent l’unanimité. Nous sommes accueillis par des amis naïfs qui essaient de décrypter une vérité qui ne se saura jamais. Nos rôles sont très bien joués. Et dans la complicité de la nuit nous jouons le bonheur et l’amour rien que pour susciter la jalousie. Nos mains se touchent, nos regards se font tendres et rêveurs, nos jambes se frôlent sous la table, nos histoires parlent de projets à deux, vacances, ambitions, accomplissements ; bref, tout est parfait. Tout est parfait pour le moment. Tout est parfait… devant les autres. Je m’éclipse un instant, le temps d’ajouter une goutte ou deux… de mon parfum préféré.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

ciao bella..
tu l'a retravaillée depuis celui que tu m'avai fai lire... différent sans l'etre vraiment, simplement grace a quelque mots... néanmoint toujours exellent... merci...