jeudi, novembre 30, 2006

Je n'aime pas l'hiver

Ci-dessous l'extrait d'un dialogue disproportionne.

- J’ai toujours cru pouvoir maîtriser mes relations. Au début de chaque histoire, j’éprouvais un réel plaisir et une sorte de satisfaction personnelle en essayant de deviner son déroulement ou du moins sa durée de survie. Cette prétention à pouvoir prédire à l’avance les sentiments futurs ainsi que leur développement constitue en quelque sorte ma protection. Je croyais ne pouvoir être déçue ou blessée si je savais préalablement le moment approximatif de la fin d’une aventure, comme si la simple connaissance constituait une véritable force. Je croyais que le fait de la délimiter dans le temps me mettrait en position de contrôle. Une histoire folle et immorale serait tout à coup contrôlable et réfléchie si limitée par une date certaine. Je décidai donc de m’offrir le luxe d’une aventure ‘dangereuse’ qui le serait moins si sa fin serait la conséquence normale de la fin de l’été. Comme si toute décision raisonnable pourrait convaincre un cœur tetu et rebelle qui s’accommode… de plus en plus. La condition s’est réalisée. A savoir, la fin de l’été. Et notre histoire qui se voulait si faussement réelle, réalisable et éternelle disparut avec le temps aussi agréable que superficiel de l’été. L’hiver est venu. Je me suis sentie perdue, seule, nostalgique… Je voulais ma vie aussi remplie que possible pour combler un vide qui ne cessait de se creuser. Enchaînant aventure sur aventure et histoire sur histoire pour tenter inlassablement de me retrouver je ne faisais que me perdre davantage. M’empêchant toute tentative de te revoir et toute pensée de trop, refoulant idées, rêves et souvenirs de toi, je ne savais quoi penser et surtout si j’étais la seule à le faire. Je croyais que le temps ferait, comme d’habitude, l’affaire. Et il la fit. Le temps ne faisait qu’affirmer sentiments et envies avec l’aide d’une imagination qui me proposait ironiquement des suites surprenantes et qui m'exposait des projections provocatrices de ce que nous aurions pu, peut-être, vivre. Mais l’hiver est là. On est toujours là aussi. Chacun de son coté, puisque la condition s’est réalisée. Chacun de son coté, puisque le terme est arrivé. Chacun de son coté, puisque la folie et l’aventure sont tellement inconciliables avec les couleurs sérieuses de l’hiver. Que trouver comme prétexte ? Que dire quand le soleil n’est plus à mon secours, quand il a repris à ma peau ses couleurs d’or et la bonne humeur de ceux qui nous jugent ? Que faire quand le temps ne nous appartient plus désormais ?Enfouis dans des habits trop larges qui cachent les formes et les rondeurs, on vit comme il faut. On vit comme on s’était décidé à le faire. Alors on sourit à la beauté de notre histoire. On sourit à la tristesse de sa fin. On sourit à l’idée de se revoir. On se sourit du sourire coupable d’un enfant malicieux quand on se revoit. On sourit quand on se requitte ne sachant s’il y aurait un prochain rendez-vous. On sourit quand on se dit que la vie est nulle quand on n’est pas ensemble. Mais on s’éloigne quand même. Toi dans ton monde. Moi dans le notre. Parfois on s’appelle. Souvent, on se retient. Je t’écris des choses que j’efface aussitôt. Je me trouve trop romantique et je me voudrais forte et insouciante. Car je l’étais. Avant toi. Et il faut que je me protège. Et puis…l’hiver est là. Mais tu sais, je n’aime pas l’hiver.

- Moi non plus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

un conseil a toi, chere karen:

on ne peut jamais controler ses relations et prevoir leur debut et leur fin, car sinon on serait tellement occupe a penser a l'echeance qu'on oublie de vivre une VRAIE relation

il ne faut jamais que tu hesites a exprimer tes sentiments car sinon tu resterais eternellement en train de te demander : et si je lui avais dit... et si je l'avais appelle... la protection est certes necessaire mais elle ne doit pas etre systematique.