mercredi, novembre 15, 2006

Je veux que tu restes


Au fur et à mesure que l’on grandit, on se retrouve un jour ou l’autre un peu seul. Les personnes qui constituaient notre bande d’amis fidèles se dispersent à la recherche de leurs intérêts respectifs. Certains se perdent sur la route, d’autres choisissent un chemin très différent du notre et d’autres encore, tout en ayant choisi le même parcours et la même destination, optent pour une façon très personnelle de vivre le voyage, une façon très peu compatible avec notre conception des choses et de la vie. Alors qu’on décide à un moment donné de se poser un instant pour respirer et faire le point sur sa vie, on réalise que les promesses d’amitié éternelle faites un jour de soleil sur une plage d’été ne furent jamais tenues. On réalise que notre premier amour s’est évaporé avec le temps et que les souvenirs se sont eux-mêmes perdus dans le passé. On se demande ce qui reste d’hier et on craint d’oublier demain le présent fragile du temps et de la mémoire. Le sentiment qui nous hante est lui-même incertain. Il balance entre un regret et une indifférence, préfère tantôt le regret qui constitue un sentiment véritable dur soit-il et tantôt l’indifférence qui est la pire des souffrances. On se demande où sont partis nos amis, s’il y avait un moyen de les retenir, s’il faut assumer la vie ou au contraire lui en vouloir, si l’on était plus heureux avant, si l’on peut être aussi solitaire aujourd’hui….
On grandit. Et ainsi s’en vont nos amis. Ils s’en vont sans préavis, doucement, progressivement. Ils s’en vont certainement. Il est impossible de désigner exactement la date de leur départ car celui-ci fut le fruit d’un long processus : la transition de la vie simple à la vie d’adulte. Nos amis s’en vont et seuls restent quelques personnes qui ont compris qu’il était possible de vivre de façon très indépendante tout en gardant un lien avec les gens qu’on aime. Seuls restent ceux qui ont appris avec le temps qu’il est nécessaire et même vital de garder dans un présent agité une petite place au passé. Les gens passent dans nos vies. D’autres y entrent, marchent un moment à nos cotés puis ressortent aussi. Nous sommes tous très seuls en définitive. Nous somme tous seuls même si l’on parait quelquefois très entourés. La solitude est une condition humaine incontournable. Ce n’est pas une déception ; rien qu’une constatation. Les gens passent… Mais toi, je veux que tu restes.

10 commentaires:

Mano Sinistra a dit…

Nés seuls, nous partons seuls... Entre-temps, nous nourissons l'illusion de l'amitié.
La seule chose que nous puissions réellemnt partager est la solitude. Trop proche, trop moche pensons-nous, ainsi que de la terre que nous foulons distraitement de nos pieds inquiets. Sans celle-ci, tout le reste serait-il possible?
Lorsque je tenais la main de ma mère mourante, lorsque je tenais celle de mon aimée qui a bien failli mourir aussi, je me suis retrouvé à vivre cela non plus comme une théorie philosophique fascinante mais dans ma chair et mes viscères. Vivre quoi ? La solitude sans fond lorsque l'on est face à la solitude de l'autre dans sa souffrance, sans pouvoir faire quoique ce soit. Justement là est la clè : ne rien faire ! Faire rien est certainement la tâche la plus difficile pour nos contemporains et moi, élevés dans la paresse de la sur-activité, du temps meublé dans ses moindres recoins par de multiples tâches et amusements. Ne rien faire, tout en restant là, présent à l'autre. Des instants si brefs dans le cours d'une existence entière, et pourtant si vrais! Nul besoin d'amis lorsque l'on touche cela. Le monde ne sera jamais plus pareil, car il sera devenu ce qu'il a toujours été : simple. Chaque rencontre, chaque être devient alors une occasion, une chance de ressentir cette solitude profonde, seule chose que nous ayons en commun, seule chose qu'il nous est donné de pouvoir vraiment partager...
L'amitié est dirigée vers certains et pas d'autres, elle est particulière et spécifique et pourtant infiniment interchangeable, pervertie par de multiples sentiments jamais confessés. L'amour, lui qui semble être si exclusif par son choix d'une personne unique (synonyme de seul), par cette focalisation extrême il s'ouvre au monde entier. Son engagement n'est pas négociable, il est donc seul aussi... Lorsque l'on aime, on est seul. Merci Karen encore une fois, j'aurai du aller me coucher, mais la richesse des portes ouvertes par tes écrits m'en a empêché. Bon chemin à toi, ta conscience est ta meilleure canne de marche.

Anonyme a dit…

je voudrais que tu saches pq MOI,je suis parti.je l'ai fait malgres moi,malgres mon envie. je suis parti car TOI tu avais un dilemne,tu etais sous pression de tous les cotes(famille et amis).cette pression se voyai,elle affectai notre relation et je te sentais malheureuse qque fois,et ca,je ne le voulais pas.
Malgres moi je suis parti,je voulais que tu le sache.C tout

Mano Sinistra a dit…

Pourquoi ? Question toujours à l'intention du mental, et non du coeur...
Mental, bourreau et victime à la fois : si tu penses que je suis un bourreau, c'est qu'en fait je suis ta victime, c'est donc toi le bourreau, ou le fautif, ou la fautive...
Ma faute est celle de t'avoir rencontrée, ta faute a été celle de ne pas avoir été à la hauteur de mon illusion, de ne pas avoir été coupée du contexte, de ne pas avoir été manipulable à merci, de ne pas avoir été une autre que toi, de ne pas avoir su me comprendre sans que j'aie à faire l'effort surhumain d'exprimer mon ressenti et ma pensée, de ne pas comprendre que la fuite est solution de facilité pour maintenir une fierté qui n'en est pas une... Je ne te connais pas anonymous, mais saches que tes mots je les ai lâchement utilisés tant de fois qu'ils me sont devenus parfaitement transparents. La bêtise et la trouille des hommes face au chaos des sentiments et de la vie ne cessera pas de me surprendre et de me peiner, en sachant que je suis loin d'en être exclu...
Quant à toi Karen, tu as eu une énième confirmation qu'il y a en toi un dilemme, une tension telle qu'elle te permet d'aller toujours au-delà de l'apparence des choses. C'est douloureux, mais cette douleur est un don, une grâce, ne te détends donc pas ! Garde ta faim, car celui que tu cherches existe déjà en toi...

Mano Sinistra a dit…

Pourquoi ? Question toujours à l'intention du mental, et non du coeur...
Mental, bourreau et victime à la fois : si tu penses que je suis un bourreau, c'est qu'en fait je suis ta victime, c'est donc toi le bourreau, ou le fautif, ou la fautive...
Ma faute est celle de t'avoir rencontrée, ta faute a été celle de ne pas avoir été à la hauteur de mon illusion, de ne pas avoir été coupée du contexte, de ne pas avoir été manipulable à merci, de ne pas avoir été une autre que toi, de ne pas avoir su me comprendre sans que j'aie à faire l'effort surhumain d'exprimer mon ressenti et ma pensée, de ne pas comprendre que la fuite est solution de facilité pour maintenir une fierté qui n'en est pas une... Je ne te connais pas anonymous, mais saches que tes mots je les ai lâchement utilisés tant de fois qu'ils me sont devenus parfaitement transparents. La bêtise et la trouille des hommes face au chaos des sentiments et de la vie ne cessera pas de me surprendre et de me peiner, en sachant que je suis loin d'en être exclu...
Quant à toi Karen, tu as eu une énième confirmation qu'il y a en toi un dilemme, une tension telle qu'elle te permet d'aller toujours au-delà de l'apparence des choses. C'est douloureux, mais cette douleur est un don, une grâce, ne te détends donc pas ! Garde ta faim, car celui que tu cherches existe déjà en toi...

Anonyme a dit…

En marchant sur le sentier de la vie, il arrive parfois qu'on s'arrête un peu devant un miroir, qu’on jette un coup d'oeil sur notre vie, nos relations, nos rêves et qu'on décide sans savoir vraiment pourquoi qu'il faut partir, qu'il faut s'éloigner, changer de quartier, de ville, d'amis, voire changer de mode de vie.
Parfois on ne sait pas pourquoi, d'autrefois on réalise que tout ne va pas bien, qu'on a perdu la boussole ou encore qu'on ne veut plus mener CETTE vie mais une autre très différente.

Karen Ayat a dit…

Manu,
Tu ne connais pas lauteur du message anonyme ci-dessus mais tu as su lire en ses quelques mots la personne qui se cacher derriere ce que jai su faire seulement apres plusieurs mois. Oui, il est lache. Oui, il est peureux. Mais cest mieux ainsi. Il na pas su me retenir. Il netait donc pas fait pour moi. On a des chemins differents. C'est bien ainsi. Pas de remords, pas de regrets.
Merci pour tes commentaires que jattends comme tu attends mes textes.
Sincerement,
Karen.

~Chris~ a dit…

mai toi, je veux que tu restes... il ne tien qu'a moi de faire qu'il en soit ainsi, meme si le choi t'appartien... donc en définitive, qui de toi ou de moi serai le fautif? peu importe, tan que cela n'arrive pas... parce que toi, je veux que tu restes...

Anonyme a dit…

Emue,bouleversée ,j'ai lu et relu cet article qui met en évidence la nécessité pour nous tous de clarifier notre passé,une histoire complexe!
Les gens passent,profitent,franchissent la ligne parfois,et puis repartent sans regret.
Ils repartent parcequ ils se sentent confus ,mal à l'aise ou tout simplement lache.
Ils prennent la fuite en prétendant que nous n'étions pas à la hauteur.
OUI, c'est vrai nous n'étions pas à la hauteur de leur superficielité!
Donc BON DÉBARRAS pour ceux qui partent.
Mais le problème réside dans le fait que c'est trop dur de vivre en solo.
Quand à moi ,JE RESTERAI!
JE RESTERAI, car j'ai trouvé ma place dans ce monde.
JE RESTERAI,car je réalise de jour en jour que ta présence m'est indispensable.
JE RESTERAI SURTOUT SURTOUT CAR J'AI TROP PEUR QUE TU PARTES!

JE VEUX QUE TU RESTES

Anonyme a dit…

Je voudrais te feliciter pour ton blog karen..
C tres agreable a lire..

Karen Ayat a dit…

Merci beaucoup.
Ca me fait plaisir.
Sincerement,
Karen.